Emmanuel Macron et Theresa May ont entamé un pas de deux sur les affaires militaires, venant compléter des accords sur la politique d’immigration.
Les Britanniques et les Français collaborent de longue date, leur association redéfinie par les traités de Lancaster House en 2010 reposant sur un principe simple mis en avant dès 1992 et rappelé dans le communiqué final de la rencontre May-Macron : « Il n’existe pas de situations dans lesquelles les intérêts vitaux de l’un de nos deux pays, le Royaume-Uni ou la France, puissent être menacés sans que les intérêts vitaux de l’autre ne le soient également. » De ce fait, les deux seules puissances atomiques européennes collaborent intensément en partageant des moyens de calcul associés au nucléaire militaire et sont engagées dans la conception de missiles. Elles sont également associées au programme de l’Airbus militaire A400M, qui équipe l’armée de l’air et la Royal Air Force.
Confirmations
Du côté des confirmations, Paris et Londres confirment leur intérêt pour la mise sur pied d’une force expéditionnaire commune interarmées, comptant une dizaine de milliers d’hommes capables d’intervenir « en premier sur des territoires potentiellement hostiles ». Le communiqué promet également « un soutien réciproque aux futurs déploiements de nos porte-avions en 2019, un quartier général commun en 2019 pour la Task Force 150 de la coalition dans la mer d’Arabie et autour de la Corne de l’Afrique, ainsi qu’une collaboration pour le déploiement et l’exploitation de bateaux et d’avions dans les régions de l’océan Indien, de l’Asie Pacifique et des Caraïbes en 2018 ». Dans le cadre de l’opération Barkhane, la Royal Air Force fournira rapidement trois hélicoptères lourds Chinook, de tels moyens lourds étant absents de l’arsenal militaire français. Le C-17 Globemaster de la RAF affecté régulièrement aux besoins de l’opération française sera maintenu. En contrepartie, indique le communiqué commun, « la France contribuera à la présence avancée renforcée en 2019, dans le cadre du groupement tactique dirigé par le Royaume-Uni en Estonie, compte tenu du succès du déploiement conjoint de 2017. »
Opérations communes
En matière d’armement, Français et Britanniques associés à l’industriel MBDA continuent le projet One Complex Weapon de futur missile, poursuivent le programme FCAS (Future Combat Air System Demonstration Program) de drone de combat. Mais prudence ! La coopération franco-britannique en matière d’armement est toujours semée d’embûches et les échecs ne manquent pas. Ils se sont même succédé depuis la décennie 1980. Incapables de s’associer dans la construction d’un avion de combat commun, Britanniques et Français n’ont pas davantage su s’associer sur la définition d’un porte-avions ou d’une frégate antiaérienne commune, sur le renseignement spatial ou sur des matériels terrestres (blindés ou hélicoptères). Les deux pays ont beau être ceux qui, en Europe, consacrent le plus d’argent à la défense, ils ont encore du mal à concevoir des opérations communes. C’est sans doute le plus grand défi de l’avenir, car la France ne pourra plus consentir, faute de moyens, à engager seule et dans la durée des opérations aussi lourdes que Barkhane en Afrique sahélienne. C’est là un des grands défis de la présidence Macron, sur le plan militaire.
© JONATHAN NACKSTRAND / AFP/ JONATHAN NACKSTRAND
PAR JEAN GUISNEL
Le Point.fr