Penelope Fillon est accusée par “Le Canard enchaîné” d’avoir été rémunérée 500 000 euros pour un emploi fictif aux côtés de son époux, François Fillon.
Le parquet national financier a annoncé l’ouverture mercredi d’une enquête préliminaire à la suite des révélations du Canard enchaîné sur des suspicions d’emploi fictif de l’épouse de François Fillon comme attachée parlementaire de son mari et de son suppléant à l’Assemblée nationale. L’enquête a été ouverte pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits » et confiée à l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), a précisé le parquet dans un communiqué.
Le Canard enchaîné a révélé que Penelope Fillon, sans profession connue, a été la collaboratrice parlementaire de son mari, ce dont personne n’avait connaissance jusqu’à présent, y compris dans le milieu des collaborateurs du parti Les Républicains. « Au total, Penelope aura perçu environ 500 000 euros brut sur les caisses parlementaires », selon l’hebdomadaire. Le Canard affirme également que Penelope Fillon a été salariée, entre mai 2012 et décembre 2013, de la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et ami de François Fillon. Elle touchait alors environ 5 000 euros brut par mois. En déplacement mercredi en Gironde, François Fillon, candidat LR à la présidentielle, a dénoncé des « boules puantes » au sujet de l’article de l’hebdomadaire satirique.
Emploi fictif ?
D’après Le Canard, Penelope Fillon a été attachée parlementaire de François Fillon entre 1998 et 2002 quand il était député de la Sarthe, puis, de 2002 à 2007, de son suppléant à l’Assemblée nationale quand son époux est entré au gouvernement comme ministre des Affaires sociales et du Travail. En 2012, Penelope Fillon a de nouveau été rémunérée « pendant six mois au moins » quand François Fillon est redevenu député, après cinq ans à Matignon, ajoute le journal. Le fait d’embaucher des proches – conjoints ou enfants par exemple – comme collaborateurs à l’Assemblée ou au Sénat n’est pas interdit pour les parlementaires, à condition que ce ne soit pas un emploi fictif. Quelque 10 à 15 % des 900 parlementaires français emploient un membre de leur famille, d’après des chiffres obtenus pour la première fois en juillet 2014 grâce aux déclarations d’intérêts des parlementaires.
Mais Le Canard enchaîné met en doute la réalité du travail de l’épouse de l’ancien Premier ministre. Citée par le journal, une collaboratrice de François Fillon de l’époque dit « n’avoir jamais travaillé avec elle ». Président de l’Assemblée de 2007 à 2012, et secrétaire général de LR, Bernard Accoyer est venu à la rescousse mercredi matin : « Je l’ai souvent vue participer à ses travaux. Je l’ai vue dans de multiples circonstances, y compris à l’Assemblée nationale », a-t-il assuré sur France Inter. Patron des députés PS, Olivier Faure, interrogé par l’Agence France-Presse, estime que « ce n’est pas la même chose de l’avoir croisée comme femme de à l’Assemblée ou de savoir si elle a effectué un travail effectif ». « On ne peut pas dire qu’on est le candidat de l’honnêteté, de la transparence et ne pas être en capacité de répondre à ces sujets », a fustigé Manuel Valls.
Un collaborateur de droite, qui travaille de longue date à l’Assemblée, a confié à l’Agence France-Presse que « beaucoup de gens » étaient « déçus au groupe et tombent des nues », parce que François Fillon s’était construit avec une image « d’homme intègre ». « Je crois que des preuves pourraient être apportées et peut-être même faudrait-il qu’elles soient apportées rapidement, ce qui éviterait de faire enfler une polémique », alors que « tout le monde est un peu à fleur de peau » dans un climat de « défiance envers les politiques », a plaidé le député LR Philippe Gosselin, dans les couloirs du Palais-Bourbon.
SOURCE AFP