Plus de 720 personnes ont été placées en garde à vue samedi, en marge des rassemblements des Gilets jaunes. De nombreuses dégradations ont lieu à Paris.
Le chiffre ne cesse de grimper. À 17 h 15, 737 interpellations avaient eu lieu à Paris, selon la préfecture de police. De plus, 55 personnes ont été blessées, dont trois parmi les forces de l’ordre.
– Sept interpellations et deux blessés légers à Marseille
Apres une matinée très calme, l’après-midi a été beaucoup plus animé. De violents incidents continuent de se dérouler sur la Canebière, où les Gilets jaunes ont été rejoints par les manifestants contre l’habitat indigne particulièrement remontés et des groupes de jeunes casseurs très mobiles, d’après notre correspondant sur place, François Tonneau. Des incendies de poubelles, de scooters et de barricades ralentissent les forces de l’ordre, qui font toujours usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes ainsi que de Flash-ball. La situation reste tendue même si de nombreux Gilets jaunes ont quitté les lieux. Un hélicoptère de la gendarmerie survole toujours le Vieux-Port.
– Des Gilets jaunes dépités par les violences
“C’est n’importe quoi !” Venus de toute la France manifester leur mécontentement dans une capitale en état d’alerte maximale, de nombreux Gilets jaunes font part samedi après-midi de leur déception devant les heurts et la casse qui émaillent les manifestations. Après une matinée relativement calme, plusieurs secteurs parisiens ont été le théâtre d’échauffourées notamment dans le quartier des Champs-Élysées : vitrines brisées, boutiques ou cafés pillés, voitures ou scooters cassés ou incendiés… “Qu’ils pètent les banques, les multinationales j’en ai rien à branler, mais les petits magasins, les commerces des particuliers, c’est vraiment bête”, peste Anthony, 23 ans, préparateur de commandes, au vu des affrontements très mobiles à proximité de la célèbre avenue. “Ça part en couilles, c’est n’importe quoi”, déplore sa compagne, déçue par ceux qui viennent “juste pour casser” et décrédibilisent le mouvement.
– Des sénateurs LR reprennent l’idée d’une prime défiscalisée
Des sénateurs Les Républicains (LR) ont repris dans une proposition de loi l’idée portée par le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, d’une prime exceptionnelle défiscalisée versée par les entreprises aux salariés. Cette “prime d’encouragement et de performance”, selon l’intitulé du texte, serait “libre de cotisation sociale et d’imposition fiscale”, jusqu’à un montant total annuel de prime de 1 000 euros. L’idée, déjà avancée fin novembre par les chefs d’entreprise du mouvement Ethic et mise sur la table mercredi par Xavier Bertrand, a reçu l’aval d’Édouard Philippe, du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et de son homologue des Comptes publics, Gérald Darmanin.
– 400 arrestations à Bruxelles, un policier blessé
Environ 400 personnes ont été arrêtées samedi à Bruxelles et un policier a été blessé pendant un rassemblement de Gilets jaunes belges, qui a réuni un millier de manifestants, a appris l’Agence France-Presse auprès de la police locale. “Un policier a été blessé au visage. Il a été transporté à l’hôpital, mais ses jours ne sont pas en danger”, a expliqué Ilse Van De Keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles.
– Julien Coupat, relaxé du procès de Tarnac, interpellé à Paris
julien Coupat, longtemps présenté comme le leader d’un groupe d’ultragauche qui avait été relaxé au printemps lors du procès dit “de Tarnac”, a été interpellé samedi matin à Paris, où avaient lieu des manifestations de Gilets jaunes.Il a été placé en garde à vue pour “participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations”, a indiqué une source judiciaire.
– Aux Champs-Élysées, les lumières de Noël s’allument en pleine manifestation
– Marine Le Pen demande des “réponses fortes” à Emmanuel Macron
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a demandé samedi au président français Emmanuel Macron des “réponses fortes” à la “souffrance sociale” exprimée par les Gilets jaunes. “Il faut qu'(Emmanuel Macron) prenne conscience de la souffrance sociale et y apporte des réponses très fortes et immédiates”, a-t-elle affirmé à Bruxelles en marge d’un meeting avec le parti nationaliste flamand Vlaams Belang, ainsi que Steve Bannon sur le Pacte mondial sur les migrations. “J’appelle une nouvelle fois le président de la République à tenir compte de la souffrance qui est exprimée et à apporter une réponse, à sortir de l’Élysée, à arrêter de se claquemurer, de s’enfermer à l’Élysée, a-t-elle insisté. La réponse du président de la République ne peut pas être que sécuritaire.”
– La situation s’envenime au Puy-en-Velay
Quelques dizaines de manifestants, mobiles et décidés à en découdre, commencent à envoyer des projectiles sur les gendarmes mobiles regroupés dans la cour d’enceinte de la préfecture. Ces derniers répliquent par des jets de gaz lacrymogène. La situation est tendue, selon notre correspondante, Geneviève Colonna d’Istria.
– À Lyon, les CRS dispersent les manifestants
– Le point sur les rassemblements à 17 heures
À Paris, les marcheurs pour le climat et les Gilets jaunes se sont retrouvés place de la République dans une bonne entente. Ailleurs dans la capitale, des contrôles houleux ont eu lieu aux abords de l’avenue Wagram. À Paris, qui compte la majorité des interpellations et gardes à vue, on recensait 651 interpellations dont 536 gardes à vue à 16 h 15, selon la préfecture de police.
En région, des heurts sont à déplorer comme à Bordeaux, où plusieurs milliers de personnes défilaient dans les rues. Plus de 950 personnes ont été interpellées en France samedi en début d’après-midi en marge du mouvement des Gilets jaunes et 724 placées en garde à vue, selon une source policière.
– À Dijon, les Gilets jaunes bloquent la préfecture
Les manifestants restent massés devant le barrage bloquant l’accès à la préfecture, régulièrement repoussés par les forces de l’ordre à l’aide de gaz au poivre. Le regroupement demeure calme, les Gilets jaunes empêchant la plupart des dégradations. Ils ont notamment remis en place des panneaux de signalisation que certains tentaient d’arracher. Quelques groupes épars circulent dans la métropole, sans causer de dégât. La préfecture estime la situation sous contrôle, et rapporte trois interpellations, dont une personne en possession d’armes blanches, selon notre correspondant Arnaud Morel.
– 5 000 personnes contrôlées sur les axes et péages
Autoroutes coupées, échangeurs bloqués, déviations, sorties obligatoires : le réseau routier et autoroutier français connaissait de nombreux points de perturbations, marquant samedi l’acte IV de la mobilisation des Gilets jaunes. Dans un tweet, la gendarmerie nationale signalait en milieu de journée que plus de 5 000 personnes avaient été contrôlées sur les axes et péages avec de “nombreuses interpellations d’individus violents, porteurs d’objets dangereux”.
– À Calais, cirés et pots de rillettes
Sous une pluie battante, 150 Gilets jaunes se sont déplacés jusqu’au niveau de la sortie 44 de l’autoroute A16, en face du McDo Saint-Pierre, constate notre correspondante, Clémence de Blasi. Dans les sacs à dos et les poches de manteaux, les pots de rillettes côtoient les compresses et le désinfectant, « au cas où… ». Au moins une personne a été interpellée par les forces de l’ordre. « Il a dit qu’il était là pour casser des CRS », murmure une femme d’une cinquantaine d’années, dont seuls les yeux bleus dépassent d’un large ciré jaune. « Tout augmente, sauf nos salaires. Ils veulent qu’on dégage, qu’on arrête de bloquer, mais on est prêts. C’est seulement maintenant que les choses sérieuses vont commencer ! » gronde un homme jeune, au manteau trempé.