La ministre des Armées a insisté sur le fait qu’il existait un protocole pour le renvoi de djihadistes alors qu’Ankara compte expulser 11 Français.
Le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, avait prévenu de l’intention de la Turquie vendredi. Lundi, Ankara a commencé à expulser des membres étrangers du groupe État islamique (EI) qu’elle détient, annonçant la prochaine expulsion de 24 autres, dont 11 Français et 10 Allemands. « Un terroriste étranger américain a été déporté de Turquie après que toutes les démarches ont été complétées », a déclaré le porte-parole du ministère Ismail Catakli, sans préciser vers quelle destination.
Selon lui, deux autres djihadistes, l’un allemand et le second de nationalité danoise, devraient également être renvoyés lundi vers leur pays. Sept autres « terroristes étrangers d’origine allemande seront déportés jeudi », a-t-il ajouté, cité par l’agence étatique Anadolu. Selon la même source, quinze autres djihadistes sont concernés par des démarches de renvoi : onze Français, deux Allemands et deux Irlandais. « Les démarches concernant onze combattants étrangers d’origine française sont en cours », a indiqué le porte-parole du ministère Ismail Catakli.
Florence Parly « pas au courant »
La ministre des Armées Florence Parly, interrogée lundi sur France Inter vers 8 heures, avant l’annonce de la Turquie, n’était « pas au courant ». « Nous avons un protocole avec la Turquie, le protocole Cazeneuve. Il permet, lorsque des situations de ce type se produisent, de rapatrier des terroristes », a-t-elle détaillé. « Il y a un protocole pour rapatrier des terroristes ; je n’ai pas connaissance d’un retour précis », a-t-elle martelé. Interrogée sur le nombre de djihadistes français détenus en Syrie, la ministre des Armées a choisi le silence. « Je n’ai pas à révéler de nombre », a-t-elle assuré.
.@florence_parly et les djihadistes français en Turquie : “Il y a un protocole pour rapatrier des terroristes; je n’ai pas connaissance d’un retour précis” “” #le79Inter
« Nous commencerons à partir de lundi », avait déclaré le ministre turc de l’Intérieur Süleyman Soylu lors d’un discours à Ankara. « Pas besoin de courir dans tous les sens : nous allons vous renvoyer les membres de l’EI. Ils sont à vous, faites-en ce que vous voudrez », avait-il ajouté. Le ministre turc n’avait pas précisé quels étaient les pays concernés par cette mesure, mais s’était notamment adressé à l’« Europe » pendant son discours.
Longtemps soupçonnée d’avoir laissé les djihadistes traverser sa frontière pour rejoindre la Syrie après le début du conflit qui déchire ce pays depuis 2011, la Turquie, frappée par plusieurs attentats commis par l’EI, a rejoint en 2015 la coalition anti-djihadiste. Mais Ankara a été accusée ces dernières semaines d’affaiblir la lutte contre les éléments dispersés de l’EI en lançant, le 9 octobre, une offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), fer de lance du combat contre l’organisation djihadiste.