Un homme a été abattu par les forces de sécurité de l’aéroport parisien ce samedi matin. Les terminaux ont été évacués. Une enquête est en cours.
Après avoir dérobé une arme à un militaire de l’opération Sentinelle, un homme a été abattu samedi matin par les forces de sécurité à l’aéroport d’Orly-Sud dans le Val-de-Marne, alors que la France fait face à une menace terroriste sans précédent depuis deux ans. Les enquêteurs ont retracé le parcours de l’agresseur, un Français de 39 ans, qui a débuté vers 6 h 55 avec des tirs sur des policiers lors d’un contrôle routier à Garges-lès-Gonesse dans le Val-d’Oise, en banlieue nord de Paris, avant un vol de voiture à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, en banlieue sud, pour s’achever dix kilomètres plus loin, à l’aéroport d’Orly-Sud.
« Il la tenait par le cou »
Vers 8 h 30, au premier étage du hall 1 du terminal, il a tenté de s’emparer du fusil d’assaut Famas d’une militaire en patrouille de Sentinelle, puis s’est réfugié dans un commerce de l’aéroport à proximité. L’homme, « connu des services de police et de renseignements », a été abattu par un autre militaire, a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, qui s’est rendu sur place avec son homologue de la Défense Jean-Yves Le Drian. Il n’y a pas eu de blessé ni d’interpellation, a précisé un porte-parole du ministère de l’Intérieur. Une opération de déminage a permis d’établir l’absence d’explosif sur l’assaillant, mais un « ratissage » était toujours en cours en fin de matinée à l’intérieur et aux abords du terminal, selon ce porte-parole Pierre-Henry Brandet.
Près de 3 000 personnes ont été évacuées du terminal sud ou confinées dans le terminal ouest voisin, selon le ministère de l’Intérieur. Tous les vols ont été suspendus sur le site d’Orly, selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). À quelques centaines de mètres des bâtiments, des milliers de personnes, certaines avec leurs bagages, étaient en attente, en pleine incertitude, à l’extérieur du périmètre de sécurité. Des bouchons monstres se formaient également sur la voie rapide qui mène à l’aéroport, et certains conducteurs descendaient de leurs voitures, pour savoir ce qu’il se passait. Dominique, présent au premier étage du terminal Sud où s’est déroulée l’attaque, a raconté avoir « entendu des éclats de voix ». « J’ai vu des militaires qui tenaient en joue une personne. C’était un homme qui tenait en otage une militaire. Il la tenait par le cou et il menaçait les deux autres militaires avec le fusil de la femme », raconte cet homme de 58 ans.
De Stains à Orly
La police a rapidement retracé le parcours de l’assaillant. Les enquêteurs ont établi un « lien » avec les tirs d’un homme contre des policiers lors d’un contrôle routier une heure et demie plus tôt à Garges-lès-Gonesse, opéré par la circonscription de Stains en Seine-Saint-Denis, à moins d’une quarantaine de kilomètres d’Orly. Vers 6 h 55, cet homme a légèrement blessé à la tête un policier avec un pistolet à grenailles avant de prendre la fuite.
« Dans les minutes qui ont précédé » l’attaque à Orly, il avait également été « repéré à Vitry-sur-Seine [une commune située à dix kilomètres de l’aéroport, NDLR] pour un carjacking et notamment l’irruption dans un bar proférant des menaces pour ceux qui y étaient », a précisé le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, qui s’est rendu à Orly avec son homologue de la Défense Jean-Yves Le Drian. « On peut relier son identité » à celle du contrôle de Garges-lès-Gonesse, a précisé le ministre. Et les papiers présentés à la police à Garges-lès-Gonesse sont ceux qui ont été retrouvés sur l’homme abattu à l’aéroport, ont précisé des sources policières. Le parquet antiterroriste a annoncé se saisir de l’enquête.
Attaques contre des militaires
Cette attaque intervient un mois et demi après celle à la machette contre des militaires au musée du Louvre à Paris commise par un homme qui a été grièvement blessé, et moins d’un an après l’attaque de l’aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016 (32 morts et plus de 300 blessés). Au Louvre, le 3 février, un homme avait attaqué les militaires au cri d’« Allah Akbar » avant d’être grièvement blessé par le tir d’un soldat, une agression à « caractère terroriste », avait indiqué le Premier ministre Bernard Cazeneuve. L’attaque à Orly survient dans un contexte de menace jihadiste élevée en France, placée en état d’urgence depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts). Le groupe État islamique, qui perd du terrain en Irak et en Syrie où il a proclamé un califat en 2014, menace régulièrement la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.
SOURCE AFP