Dans un entretien à paraître dimanche dans « Le Parisien », la patronne du RN pourrait répondre à sa nièce, qui l’a égratignée dans « Valeurs actuelles ».
De l’incompréhension est née la colère
Dans un numéro de Valeurs actuelles paru en janvier, Marine Le Pen expliquait que le conservatisme si cher à sa nièce était incompatible avec la « nationale républicaine » qu’elle était, car il allait « à l’encontre de la méritocratie ». « Je pense, à l’inverse, que le peuple doit changer l’ordre social s’il le souhaite, exécuter son désir s’il souhaite le faire », assurait-elle. Cette flèche décochée dans le journal proche de ses idées a estomaqué Marion Maréchal. De l’incompréhension est née la colère. Puis le désir de vengeance. Car si la jeune femme a pu avoir peur de sa tante, elle est aujourd’hui décidée à ne plus se laisser faire. Fini les larmes et les esquives. « Plus elle se fera persécuter par Marine Le Pen, plus elle aura envie de revenir », assure un de ses proches.
Marion Maréchal a attendu la fin de l’hiver pour s’exécuter. Mi-mars, elle a déclaré dans l’hebdomadaire britannique The Economist qu’elle continuait à se réclamer du « conservatisme », et a rejeté l’étiquette populiste alors que Marine Le Pen s’en réclame. Elle a également réaffirmé sa volonté d’union des droites traditionnelle et nationaliste, allant à l’encontre du clivage « mondialistes contre nationaux » porté par Marine Le Pen, qui tend la main aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Alors que Marine Le Pen venait de déclarer sur le plateau de France 3 « ne pas connaître » la théorie du grand remplacement de Renaud Camus, la jeune femme a expliqué qu’elle n’était « pas absurde ».
Marion Maréchal en a surtout rajouté une couche – et quelle couche ! – cette semaine. Dans une interview-fleuve accordée à Valeurs actuelles, dont elle fait la couverture, elle réaffirme son appartenance à un « nouveau conservatisme », la persistance du clivage droite-gauche, et égratigne à nouveau le populisme « qui semble être une impasse électorale ». Elle relativise également la capacité d’un grand groupe souverainiste au Parlement européen à révolutionner l’Union européenne de l’intérieur, alors qu’il s’agit du projet mis en avant par sa tante.
Nouvel incendie
La guerre de tranchées devrait se poursuivre dimanche. Marine Le Pen donnera une interview au journal Le Parisien. Si elle sera principalement consacrée aux élections européennes, la cheffe du RN en profitera probablement pour répondre à sa nièce et allumer un nouvel incendie. Si l’effet est contreproductif du point de vue de l’image, puisqu’elle positionne Marion Maréchal comme une véritable concurrente, Marine Le Pen ne peut s’en empêcher. À la tendresse qu’elle éprouve pour elle vient se mêler une jalousie maladive et une peur bleue de se faire un jour renverser. Elle est également pressée de réagir par son entourage. « On ne va pas se laisser pisser sur les godasses par quelqu’un qui dit qu’il ne fait pas de politique », résume joliment un de ses proches. « On est décidés à ne pas laisser Marion occuper un espace sur notre dos. Si on n’oppose pas de répondant, elle avancera », poursuit-il. La guerre ne fait que commencer.
Par Hugo Domenach