Le leader hongrois esquisse un geste envers l’Italie, à la veille d’un sommet européen important sur le traitement des flux migratoires en Méditerranée.
« La Hongrie est prête à aider l’Italie chaque fois qu’elle le peut », a déclaré Viktor Orban, à Rome, lors de la convention de Frères d’Italie, le parti nationaliste et eurosceptique. Le leader hongrois avait été invité par Giorgia Meloni, la présidente du mouvement. Ce discours intervient quelques jours après les annonces communes d’Emmanuel Macron et de Giuseppe Conte sur un « mécanisme automatique » de répartition des migrants débarquant en Italie et à la veille du sommet de Lavalette qui doit aborder le problème des flux migratoires venant du Sud.
Dans leur proposition commune, la France et l’Italie estiment que l’arrivée des migrants par la mer doit, à l’avenir, donner lieu à une répartition automatique des demandeurs d’asile entre les États membres volontaires. Ce mécanisme mettrait fin aux marchandages entre les dirigeants européens à chaque fois qu’un bateau aborde la côte maltaise ou italienne. Reste à savoir quels pays seront volontaires et selon quelle clé de répartition. Les États membres qui ne souhaitent pas participer à ce mécanisme y contribueraient de manière financière (ou sous la forme de fourniture de moyens), de sorte que la solidarité européenne soit tout de même l’affaire de tous.
Emmanuel Macron a utilisé le mot « pénalités financières », un vocabulaire encore vexatoire qui pourrait évoluer afin de s’assurer le soutien des pays du bloc de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie), peu enclins à l’accueil (du moins officiellement). La France et l’Italie veulent améliorer l’efficacité des retours au pays pour les déboutés du droit d’asile. Une solution avait déjà été esquissée lors du sommet européen de juin 2018, mais le compromis avait volé en éclats en quelques heures après le refus de Matteo Salvini, alors ministre de l’Intérieur, de cautionner les positions prises par Giuseppe Conte à Bruxelles.
Sur le fond, Orban ne change pas
Le départ de Matteo Salvini du gouvernement ouvre donc une fenêtre de tir pour parvenir à un compromis européen. Conte en a profité pour renouer immédiatement des relations étroites avec Paris et a affirmé une position commune sur le sujet avec Emmanuel Macron. C’est dans ce contexte que le discours de Viktor Orban doit être entendu. Évidemment, sur le fond, le leader hongrois ne change pas : il se dit toujours hostile à toute migration, surtout d’origine musulmane, considérant que, désormais, l’essentiel des flux est constitué de migrants économiques qui n’ont pas vocation à entrer sur le territoire de l’Union européenne.
Viktor Orban serait prêt à apporter un concours financier à l’Italie si le pays fermait la frontière sud de l’Europe. La difficulté réside plutôt dans le retour des migrants indésirables dans leur pays d’origine. Et avant leur retour, quel pays instruit leur dossier et les garde à disposition des autorités ? L’Italie, sur injonction du pape François, s’est toujours refusée à mettre en place des centres administratifs fermés.
« La solidarité européenne à l’égard de l’Italie sur l’immigration n’a pas été au rendez-vous », a reconnu Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse commune avec Conte. Pour le président français, l’urgence consiste en une « réforme radicale des relations avec les pays de transit ». En somme, c’est bien avant que les migrants n’abordent les côtes européennes que le problème doit être traité. « Il vaut mieux prévenir les flux et avoir une réponse humanitaire qui doit commencer le jour où ces hommes et ces femmes prennent la mer au risque de leur vie », a-t-il plaidé.