L’éphémère ministre des Armées revient dans le “JDD” sur sa décision surprise, qui a embarrassé l’exécutif et provoqué le départ de François Bayrou.
La vie politique peut être cruelle. Début mai, juste avant la nomination du premier gouvernement d’Emmanuel Macron, son nom circulait pour être la nouvelle locataire de Matignon. Sylvie Goulard, alors députée européenne convaincue et assidue, correspondait à merveille au portrait-robot du Premier ministre décrit par le nouveau président pendant sa campagne. Cette chantre de la coopération franco-allemande, nommée finalement ministre des Armées, a disparu du devant de la scène politique un mois plus tard seulement… Dans le JDD, dimanche 25 juin, elle s’est expliquée sur sa démission, un choix « en conscience », selon elle.
L’hebdomadaire décrit d’abord les coulisses d’un départ que beaucoup, même au sein de l’exécutif, ont jugé précipité et surprenant. Selon le JDD, Sylvie Goulard a appelé Emmanuel Macron dimanche 18 juin, soit deux jours avant son annonce officielle, « pour lui faire part de son souhait de quitter le gouvernement ». L’ancien banquier d’affaires, décontenancé, a souhaité que sa ministre régalienne prenne « le temps d’une réflexion de 24 heures ». Rien n’y a fait, même après de nombreuses discussions, y compris avec Édouard Philippe, « qui lui aussi a tenté de la retenir » selon le JDD.
Rémunérée généreusement par un institut américain
On le sait, Sylvie Goulard a trébuché à cause d’une enquête judiciaire récemment ouverte sur des emplois fictifs présumés au sein du MoDem. « La classe politique doit se poser la question du renouvellement de ses pratiques. (…) Vous imaginez un acte judiciaire me concernant en pleine opération militaire ou terroriste ? J’ai estimé que ce n’était pas possible. C’est tout », a-t-elle confié. Ce choix, « en conscience » et « mûri sereinement » selon l’ancienne ministre, elle l’aurait fait « pour mettre son ministère à l’abri des affaires », rapporte le JDD.
« Des affaires », au pluriel, car l’ancienne ministre a également dévoilé une autre information qui aurait pu secouer la République exemplaire souhaitée par Macron. Elle explique ainsi à l’hebdomadaire avoir occupé un poste de « conseiller spécial » pour un think tank américain, payé plus de 10 000 euros par mois entre 2013 et 2016. Des sommes toutes « déclarées et brutes », défend un proche au JDD. Cet organisme ferait « la promotion de l’Union européenne et contribue au débat d’idées », explique Sylvie Goulard.
Dernière raison possible : « Sylvie Goulard était destinée au Quai d’Orsay et n’était absolument pas préparée aux questions de défense », analyse une source militaire pour le JDD, qui estime tout de même que « sa prise de contact avec l’état-major s’est plutôt bien passée ». Entre erreur de casting et excès de probité, les scrupules de l’éphémère ministre ont en tout cas précipité le départ de deux autres poids lourds du MoDem, Marielle de Sarnez et François Bayrou.
Le Point.fr